Le sentiment de légitimité est une construction intérieure :
Se sentir légitime signifie reconnaître la valeur de ce que l’on est, de ce que l’on fait et de ce que l’on accomplit. C’est un sentiment profondément intérieur, qui repose sur la conviction intime que notre place est juste, que nos compétences sont réelles et que nos réussites sont le fruit de nos efforts.
Mais cette légitimité n’est pas innée : elle se construit au fil du temps, à travers les expériences, les encouragements, les échecs surmontés et les validations reçues. Chez certaines personnes, notamment celles qui ont grandi dans un environnement exigeant, comparatif ou peu valorisant, cette base intérieure est fragilisée. Elles doutent alors de leur valeur, même face à des preuves objectives de réussite.
L’ombre du syndrome de l’imposteur :
Le syndrome de l’imposteur est précisément ce décalage entre la réalité des compétences et la perception de soi. Il se manifeste par l’impression d’avoir trompé les autres, de ne pas mériter ses réussites, ou d’avoir simplement “eu de la chance”.
Ce syndrome n’est pas un simple manque de confiance : c’est une peur profonde d’être démasqué.
Les personnes concernées minimisent leurs talents, attribuent leurs réussites à des circonstances extérieures (“j’étais au bon endroit au bon moment”) et vivent souvent leurs accomplissements avec gêne plutôt qu’avec fierté.
Il peut concerner autant des personnes brillantes sur le plan professionnel (chercheurs, artistes, cadres, thérapeutes, enseignants, entrepreneurs...) que dans la sphère personnelle (parentalité, relation de couple, accomplissement spirituel ou créatif).
Entre mérite et culpabilité : le paradoxe du succès personnel
Lorsque l’on se sent illégitime, chaque réussite devient source d’inconfort.
On peut éprouver de la culpabilité à être reconnu, à gagner de l’argent, à être admiré, ou simplement à “réussir mieux” que d’autres. Ce conflit intérieur crée une tension permanente : d’un côté, le désir de progresser ; de l’autre, la peur d’être jugé, rejeté ou considéré comme prétentieux.
Cette ambivalence amène souvent à l’auto-sabotage : on refuse une promotion, on minimise ses talents, ou on travaille de manière excessive pour “mériter” sa place. Derrière ces comportements se cache le besoin inconscient de prouver sa valeur — à soi-même, avant tout.
Comment retrouver le sentiment de légitimité :
Revenir à un sentiment de légitimité, c’est réintégrer son propre mérite. Cela ne signifie pas se vanter ou se croire supérieur, mais simplement reconnaître l’équilibre entre ce que l’on a reçu, ce que l’on a fait et ce que l’on est devenu.
Quelques pistes concrètes :
- Nommer ses réussites sans les minimiser : tenir un carnet des accomplissements, petits ou grands, permet de concrétiser ce qui a été réellement accompli.
- Accepter la gratitude et les compliments sans les rejeter : dire simplement “merci” est déjà une forme de reconnaissance de soi.
- Revoir la notion d’effort et de chance : la chance existe, mais elle ne sert que ceux qui sont prêts à la saisir.
- S’ancrer dans la réalité : distinguer les faits (résultats, actions, progrès) des jugements (peurs, comparaisons, doutes).
- Travailler sur la bienveillance intérieure : se parler comme on le ferait à un ami qui douterait de lui-même.
En somme :
Le sentiment d’illégitimité n’est pas une preuve d’incompétence, mais souvent un signe de lucidité et de conscience de soi. Il devient problématique seulement lorsqu’il empêche d’avancer, de recevoir ou de s’épanouir.
Guérir du syndrome de l’imposteur, c’est apprendre à accueillir sa propre lumière intérieure sans la craindre.
C’est comprendre que la valeur d’un être humain ne se mesure pas uniquement à la perfection de ses actes, mais à la sincérité de son engagement, à la constance de ses efforts et à la vérité de son parcours.